Voix de femmes autochtones

Un grand merci au centre culturel canadien pour cette rencontre avec Carole Labarre primo romancière (L'or des mélèzes qui a eu le Prix du gouverneur général) et Virginia Pesemapeo Bordeleau (L'enfant hiver), artiste pluridisciplinaire (écrivain, sculptrice, peintre, gravure...)

Elles abordent le sujet de la communauté autochtone aussi bien leur histoire que leur vécu actuel.

Qu'est ce qu'une auteure autochtone?

Carole Labarre (CL) ne s'est pas questionnée quant à son écriture en tant que femme ni en tant que femme autochtone. Ne se revendique pas féministe mais salue le travail des femmes qui se sont battues pour la liberté des femmes.

Virginia Pesemapeo Bordeleau (VPB) écrit depuis qu'elle maîtrise l'écriture, remercie la prof qui l'a guidée et qui l'a aidée dans son apprentissage du français. Dès 11 ans, elle a commencé à écrire des poèmes et à peindre. Et elle non plus, elle ne  s'est jamais posé la question de son écriture en tant que femme ni en tant que femme autochtone. Mais a fait le choix de travailler avec les femmes autochtones.

Enjeu de l'écriture quand on est une voix qui a été mise de côté ? Comment pose ton sur papier ce qui relevait de l'oralité ? Le poids des ancêtres ?

CL a du mal avec la notion de "poids des ancêtres" mais bien qu'étant attachée à ses racines elle se décrit comme moderne. Elle a tout d'abord écrit pour ses enfants pour leur léguer les histoires de son peuple (famine, portage...). Elle est heureuse de voir un intérêt des jeunes autochtones pour la vie de leurs ancêtres.

VPB a écrit pour extérioriser sa rage mais aussi préserver la mémoire des autochtones et leur modernité (liberté du corps).C'est l'arrivée des blancs et notamment des religieux qui amènent cette notion de péché et d'abolition de la liberté de la femme.Dans son livre, elle rend hommage à la sensualité de la nature, de la femme.

La nature, personnage à part entière. Pourquoi assimiler la nature à un personnage ? Pourquoi elle est au centre ?

CL cela s'est fait naturellement, c'est l'essence même de son peuple. C'est une évidence. Elle fait un parallèle entre le nomadisme très lumineux et la sédentarité plus sombre. 

VPB estime que la nature est indissociable de l'homme et elle la pense comme ADN. Elle n'a pas peur des animaux de la forêt, elle les considère comme des amis. Elle a un rapport très primal avec eux. Elle désigne comme de la confiance.

Tableaux de VPB force de la nature, importance dans l'art visuel ?

Elle travaille de manière instinctive, spontanée. C'est aussi un moyen de faire sortir sa colère face à l'évolution de la société qui détruit son environnement. Elle essaie de transmettre un message.

Poésie importante dans les romans, pourquoi ce choix ?

VPB dans son livre, le héros est poète, artiste pluridisciplinaire. La poésie ajoute une musicalité et permet de sortir de l'histoire. La poésie est le moyen de leur donner la parole. L'écriture permet de se sauver, de préserver sa vie.

CL aime la poésie, les descriptifs. Elle souhaite amener le lecteur à se surélever. Elle souhaite faire sortir sa voix de poète même si elle estime ne pas maîtriser cet art. Elle aime penser que ses personnages viennent à elle et qu'elle leur donne corps.

Littérature de résilience ?

Oui c'est un travail de guérison.

Mais on peut peut être plus évoquer cela comme de la survivance, il est important de préserver ces cultures, à transmettre aux générations suivantes.

Réponses suite questions public

Les langues autochtones sont enseignées dans les écoles jusqu'à environ l'âge de 16 ans mais on constate que certaines communautés perdent un peu cette langue (côté du lac St Jean notamment). C'est une tradition orale essentiellement même si des supports voient le jour. Mais la technologie rattrape et l'anglais domine. 

Il y a 11 nations autochtones au Québec.

Il serait envisageable d'écrire dans la langue mais c'est un travail énorme car ce sont des langues très imagées. De plus il n'y a pas de notion de genre.