Rencontre avec Roberto Saviano pour la parution de son roman "pirhanas"

Mi septembre j'ai eu la bonne surprise d'avoir été sélectionnée par Babelio pour la rencontre avec Roberto Saviano le 8 octobre 2018

J'ai donc reçu de la part de la maison d'édition Gallimard son dernier roman "Pirhanas" que je me suis empressée de lire avant la rencontre.

Roberto Saviano, originaire de Naples, est journaliste avant d'être écrivain. Il a beaucoup travaillé sur le monde de la mafia et en a tiré Gomorra en 2006. Cette œuvre,  succes international lui a valu des menaces de mort, depuis il vit sous protection policière.

"Pirhanas" est une fiction qui s'appuie sur l'histoire de ces jeunes âgés de 17 à 19 ans qui en 4 ans se retrouvent à la tête d'une organisation criminelle. Ces enfants quelque part prodiges, issus d'une petite bourgeoisie qui s'effondre avec la crise,  ont fait le choix de la criminalité. Ils ne connaissent pas la patience, ils veulent tout et tout de suite. Leur déontologie a changé : la mort est la nécessité de ce qu'ils vivent car ne pas mourir jeune ce n'est pas être a la hauteur de la valeur de leur vie. Ils ne vivent que pour l'instant présent sans penser au futur et considèrent même que la mort prématurée vaut crédibilité.

Son processus de création repose sur le recueil des infos sur ce thème via des écoutes téléphoniques et une narration au plus proche de la réalité.

Roberto Saviano a conscience de la difficulté que rencontre certains libraires : mettre en vente ce livre c'est prendre parti. Il comprend aussi ses détracteurs qui estiment que osier ce problème c'est en faire la promotion mais il estime que ne pas en parler cela pourrait être une forme de censure et qu'il ne faut pas nier la fascination de ces jeunes pour ce "pouvoir".

Avec ce roman, il dénonce ainsi le fait qu'il suffise d'avoir 5000€ pour changer de vie, ce qui explique que les jeunes n'ont plus de tabous pour obtenir cette somme d'autant qu'à Naples la fréquentation de la mort est quotidienne.

Il fait un parallèle avec le djihadisme avec le rapport à la mort, à l'urgence de vivre et au besoin de reconnaissance.

Il déclare que ce problème est un problème de démocratie et non pas de répression policière et que pour le combattre, il faut combattre la deshumanité, la compétition à outrance, l'absence de reconnaissance de tout un chacun et surtout remettre l'argent à sa place et ne plus le considérer comme une fin en soi.